Souvent réduite à sa dimension environnementale et aux efforts entrepris par chacun, la question du changement climatique est surtout politique.

Depuis 1979, date de la première conférence sur le climat, les pays tentent de s’accorder sur cette question. Derrière la création d’instances internationales à ce sujet (tel que le GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les accords et les mesures prises en faveur d’un développement plus durable, des enjeux considérables se cachent et déterminent le fil conducteur des négociations internationales. Or, de par leur situation géographique, économique, et de leurs ressources énergétiques, les pays ne sont pas égaux face à la réduction de leurs émissions et leur adaptation : certains contribuent d’avantage au processus de réchauffement, d’autres seront d’avantage affectés par ses conséquences; certains dépendent des rendements de l’extraction des énergies fossiles, tandis que d’autres manquent de compétences et de financements pour réduire leurs émissions et s’adapter.

Les négociations internationales s’articulent autour de différents groupements de pays.

Commençons par les annexes. Elles sont définies par le protocole de Kyoto selon le niveau d’industrialisation des pays : annexe I pour les pays industrialisés et non-annexe I pour les pays en voie de développement (en 1992). L’annexe I comprend elle-même deux catégories : l’annexe B regroupant les pays ayant signés le protocole de Kyoto en 1997 et l’annexe II pour les pays occidentaux qui constituent une source de financement.

Les groupes régionaux sont issus du classement officiel des Nations Unies. Le principal groupe qui fonctionne comme une coalition de négociation est le Groupe Afrique. Ses 53 membres partagent des sources de préoccupations communes et suggère que les parties de l’annexe I prennent des engagements quantifiés de réduction de leurs émissions. Ils appellent les parties de l’annexe II à soutenir les pays en développement (transfert de technologies et financement).

Mais les pays s’expriment le plus souvent au nom d’une coalition de négociation. Les pays peuvent intégrés plusieurs coalitions ou en changer, mais un certain nombre de coalitions sont discernables depuis l’ouverture du Protocole de Kyoto.

Des ambitions climatiques éparses …

On retrouve l’Union Européenne qui prend des airs de bonne élève en ayant d’ores et déjà atteint son objectif de réduction d’émissions pour 2020. Elle est la plus active en matière de défense environnementale bien qu’elle refuse actuellement d’avoir un objectif plus ambitieux.

Le Groupe des 77 et de la Chine, présidé par les îles Fidji cette année, estime que les pays développés doivent se fixer des objectifs contraignants et financer les « pertes et dommages » des pays les plus pauvres. La Chine réaffirme par ailleurs l’importance du principe « responsabilités communes mais différenciées » faisant référence à l’historique des émissions climatiques, soit celles des pays développés.

Les membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) insistent sur la nécessité de prendre en compte les conséquences économiques des mesures prises sur le développement des pays exportateurs.

Le Groupe Parapluie (regroupant habituellement le Canada, l’Australie, les Etats-Unis, la Russie, l’Islande, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et l’Ukraine) fait également partie des mauvais élèves puisque la majorité de ce groupe n’a pas hésité à quitter impunément le Protocole de Kyoto. L’Australie est même intervenue pour annoncer une liste de conditions et de thèmes sur lesquels elle ne souhaite pas s’exprimer.

Par ailleurs, l’Alliance des Etats insulaires en développement (APEID), le Groupe des PMA (Pays les moins avancés) et la coalition des pays avec des forêts pluviales sont des exemples de coalition de pays plus exposés aux conséquences du changement climatique ou pouvant avoir des difficultés à s’adapter. Les Philippines, par exemple, victimes de typhons meurtriers, appelle à prendre des mesures fortes, et leur délégué a arrêté de s’alimenter et le fera jusqu’à ce qu’il ait une signifiante évolution dans les négociations.

Varsovie, étape avant la COP 21 qui devrait se dérouler à Paris, a désormais la balle dans son camp !

 
Source : Les Echos.fr
La COP19 doit créer un cadre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et permette à la CCNUCC de jouer un rôle de coordination et de facilitation dans le développement de ces deux solutions. Elle devra garantir l’articulation et la cohérence de ces solutions avec les objectifs de développement durable et de respect des droits humains, notamment pour les populations vulnérables du Sud. La conférence vise de façon générale à :
- Préparer la COP 2015 qui aura lieu en France, en vue de finaliser un accord global ;
- Mobiliser des fonds pour le climat, notamment dans le cadre de l’engagement pris par les pays développés à Copenhague en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 ;
- Définir un mécanisme de compensation en faveur des pays en développement les plus vulnérables au changement climatique ;
- Mettre en place le Fonds Vert pour le Climat en 2014, qui vise à réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques.

Mais l’expérience du premier jour montre qu’on est loin d'un accord commun qui puisse engager des actions efficaces de la part de tous les pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. Après le premier jour, on a l'impression que chaque pays ne cherche à représenter que ses propres intérêts à court terme, négligeant le fait que les conséquences du réchauffement climatique nous affectent tous.

Les délégués s’accordent sur des généralités et reconnaissent tous que le réchauffement climatique est un problème et qu’il faut commencer à agir dès maintenant … mais dès qu’il s’agit d’actions concrètes, il n’y a plus d’accord.

La Chine exige une aide financière de la part des pays occidentaux pour mettre en place des actions contre le réchauffement climatique ; les pays d’Amérique latine demandent de transports de technologie et de connaissances ; l’Europe et les USA veulent de leur côté définir un nouvel accord où tous les pays s'engagent sur un pied d'égalité.

Mais les pays d’Amérique latine, les Philippines et les peuples autochtones ont rappelé aux délégués que tous les pays ne sont pas responsables du réchauffement climatique de la même manière. Dès lors, le prix à payer doit varier selon l’impact des pays sur le réchauffement climatique, d’autant plus que ce sont souvent les pays pauvres qui sont les plus affectés par le changement climatique.

De leur côté, les représentants de la société civile pressent l’urgence d’une action rapide. La représentante des jeunes du monde entier (via YOUNGO) a rappelé ce matin qu’on a tous le même droit de vivre sur la planète, dans les mêmes conditions, avec les mêmes ressources. Il faut commencer à agir dès maintenant pour préserver la planète : on ne doit pas considérer qu’on l’a hérité de nos ancêtres, mais qu’on l’a emprunté à nos enfants. Le désastre causé aux Philippines par le typhon Haiyan nous le rappelle cruellement.

Marina Bodescu, responsable de la délégation du REFEDD à la Conférence pour le Climat à Varsovie

 
Première article d'une série de 3 consacré à la place des jeunes au sein des COP. Pour commencer, nous allons nous intéresser à YOUNGO, représentation officielle des jeunes auprès du secrétariat de la CCNUCC.

L'engagement des jeunes concernant les négociations internationales ne date pas d'hier. Lors du sommet de la Terre de 1992, Severn Suzuki, alors âgée de 12 ans, prononce un discours mémorable où elle appelle les négociateurs à « changer leur manière de faire », précisant qu'elle s'exprime pour « se battre pour son avenir ». Les jeunes engagés dans les négociations internationales vont ensuite se structurer en mouvements. En 1996, les jeunes européens créent le Forum Européen de la Jeunesse (European Youth Forum),tandis qu'en 2001 les jeunes américains créent SustainUS.

Mais il faudra attendre 2005 et la COP11 de Montréal pour que les différents mouvements jeunes s'unissent pour parler d'une seule voix donnant naissance à l'International Youth Climate Movement, aussi YOUNGO pour YOUth NGO. Quelques jours avant la COP11 fut également organisé la première « Conférence de la jeunesse » (Conference of Youth - COY) réitérée depuis chaque année et dont le but est de préparer les jeunes pour la COP.

En 2009, à la COP de Copenhague, YOUNGO acquiert le statut officiel de groupe d'intérêt (constituency) auprès du secrétariat de la CCNUCC. Ceci permit d'officialiserYOUNGO comme interlocuteur privilégié pour porté la voix de la jeunesse. Ce statut permet à YOUNGO d'avoir accès à certains ateliers lors des intercessions - cessions de négociations qui ont lieu 2 fois par an entre les COP. Ce statut permet entre autres également de pouvoir facilement s'exprimer lors des plénières, de recevoir un bureau attitré durant la conférence, de voir ses événements annoncés au programme officiel et d'avoir un accès privilégié aux haut-représentants de la COP et notamment à la présidence. 

En contrepartie, YOUNGO doit parler d'une seule voix et s'organiser pour faire circuler de manière efficace l'information en son sein. Pour se faire, deux personnes ressources (focal point), ont été élues avec pour mission de faire le lien entre YOUNGO et le secrétariat. 
Des google group ont également été mis en place pour diffuser l'information et permettre à chacun de s'exprimer. Durant les COP, YOUNGO tient également une réunion d'une heure tous les matins à 8h où sont débattues et votées toutes les décisions importantes etannoncés toutes les actions prévues pour la journée.

Bref, la jeunesse est dans la place !
 
La 19e Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), ou COP 19, a lieu à Varsovie, en Pologne, du 11 au 22 novembre 2013.

Elle se déroule dans un contexte de plus en plus marqué par l’occurrence continuelle d’événements climatiques extrêmes dont les liens avec le changement climatique sont plus ou moins directs. L’année écoulée a été marquée par l’enchaînement de catastrophes : l’ouragan Sandy qui a submergé New York et coûté 35 milliards de dollars en octobre 2012, une mousson catastrophique dans l’État d’Uttarakhand en Inde qui a fait au moins 6 000 morts, une grave sécheresse dans le Midwest américain même si le scénario est récurent depuis quelques années, des inondations en Europe Centrale - récurrentes elles aussi - et dont le coût est estimé cette année à 12 milliards d’euros...

La COP19 doit créer un cadre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et permette à la CCNUCC de jouer un rôle de coordination et de facilitation dans le développement de ces deux solutions. Elle devra garantir l’articulation et la cohérence de ces solutions avec les objectifs de développement durable et de respect des droits humains, notamment pour les populations vulnérables du Sud. La conférence vise de façon générale à :

- Préparer la COP 2015 qui aura lieu en France, en vue de finaliser un accord global ;

- Mobiliser des fonds pour le climat, notamment dans le cadre de l’engagement pris par les pays développés à Copenhague en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 ;

- Définir un mécanisme de compensation en faveur des pays en développement les plus vulnérables au changement climatique ;

- Mettre en place le Fonds Vert pour le Climat en 2014, qui vise à réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques.

Une des missions du REFEDD est d’être une interface de dialogue entre les associations et les acteurs académiques et institutionnels concernant l’intégration du développement durable dans les cursus et sur les campus. Dans cette optique, le REFEDD participe à la COP 19 pour y porter la voix des jeunes. Dans le contexte où le GIEC prévoit une augmentation de 5,5 °C pour 2100, et où tous les rapports publiés entre 2012 et 2013 rappellent l’urgence de faire des coupes rapides dans nos émissions de gaz à effet de serre pour que les émissions mondiales cessent enfin d’augmenter - et ce sans attendre la signature ou l’entrée en vigueur de ce nouvel accord mondial. Le protocole de Kyoto est arrivé à sa fin en décembre 2012, la Convention Cadre de Doha n'a pas abouti sur un nouvel accord accepté par tous les pays. La COP 19 doit permettre une action juste et mondiale pour combler le fossé des émissions dans les années 2015-2020.

Le REFEDD sera représenté par Alain Tord, son président, Marina Bodescu, administratrice en charge de l’international, et Julie Pinson, administratrice. Ils rédigeront plusieurs articles durant les négociations pour tenir informés les étudiants, et rencontreront des représentants de la jeunesse d’autres pays pour parler d’une même fois.

Du côté de CliMates, Sabrina Marquant, Antoine Ebel, Mathilde Imer et Alexis
Metzger sont également à Varsovie.